Les damnés de Nanterre

Éditions Centre national de la photographie, collection Photo Notes, 1995.


Lorsque je regarde mes photographies réalisées en 1995 au centre d’hébergement des personnes sans-abri de Nanterre, il me revient en tête des images de violence et de bestialité d’un lieu avec ses lois, ses codes, sa hiérarchie , et où le plus pauvre d’entre nous doit se battre s’il veut survivre.

Chaque matin, lorsque je franchissais les lourdes barrières de cette ancienne prison, j’entrais dans un autre monde, un véritable cloaque à dix minutes de Paris.

Corps meurtris sous la douche, odeur d’alcool, d’urine, et de transpiration, coups, humiliations, plaies, gale, poux, couples furtifs traversant les dortoirs. Quelques prénoms. Hélène, Gérard, Abdou, André, Alain. La solitude et le désespoir.

A Nanterre, j’ai connu le degré zéro de l’humanité.