J’avais avec Doisneau les rapports qu’un petit-fils pouvait avoir avec son grand-père. C’était mon “Papy Photographe”. Nous avions, l’un pour l’autre, beaucoup d’affection et nous nous retrouvions toujours avec plaisir. Je l’ai souvent accompagné dans ses déambulations parisiennes, les épaules chargées de sacs et d’éclairages en tout genre dont on ne se servait… jamais!
Notre lieu de rendez-vous était le “Terminus” au Châtelet. La table y était bonne et, entre une bonne bouteille et quelques amis de passage, nous nous racontions notre vie. Jamais de photographie dans nos propos, plutôt l’air du temps, les gens aimés, les prochaines rencontres et je savais lorsque son œil pétillait qu’il était heureux.
Doisneau était un grand “rapporteur photographe”. Il ne photographiait bien que les gens qu’il connaissait. Pour lui l’acte photographique était toujours un acte d’amour, un petit moment de vie pris délicatement au hasard des rencontres : je l’aimais.